dimanche 19 décembre 2010

Gazette 12

Mai 2008

Vous avez dit Oscar ? Emmy ? César ? Howard ? Les récompenses sont légions. Fille spoliée, admise et assumée des Caprices, la récompense plaît. Elle plaît parce qu’elle indique à son récipiendaire que le fruit de son travail a été apprécié par une communauté représentative de personnes de son secteur d’activité, ce qui satisfait son intellect ; parce qu’il sera l’objet de toutes les attentions de la soirée, ce qui comble son ego et inquiète sa femme ; parce qu’il pourra enfin exhiber son nouveau costume, ce qui alimente les messes basses sur la fortune de son tailleur et pousse sa femme vers la couture.
Au-delà de ces basses considérations matérielles qui intéressent tout le monde, la récompense est à l’Homme ce que l’argent est au banquier et au pauvre, un objectif vital et gratifiant. Depuis des millénaires, la seule valeur universellement partagée et reconnue par les Hommes est le travail. La société idéale n’est-elle pas celle où chaque personne travaille avec engagement dans un métier à sa portée. L’argent, lui, est rarement corrélé avec le mérite. Ainsi, les basses classes qui travaillent plus gagnent moins et ceux qui siègent sur le toit de la société et des meilleurs hôtels accumulent des richesses que seules des générations successives placées sous de bonnes étoiles auraient du pouvoir rassembler.
La récompense, elle, a pour unique but de gratifier le travail, de saluer l’œuvre, le produit fini, le résultat d’un effort individuel ou collectif sans aucune considération économique, enfin la plupart du temps. Lorsque les deux sont mélangés, on obtient des chimères très amusantes : on pense par exemple au César décerné à L’Esquive, les derniers Goncourt ou tout simplement Djibril Cissé. Le travail fourni est beaucoup plus dur à falsifier que l’argent ; on constate donc moins souvent une récompense absurde qu’un virement de compte à compte le quatrième jeudi du treizième mois. Le regard des autres, la meilleure des polices, n’est il pas ce qui conditionne nos actions et ce qui définit ce que l’on est. Voilà à quoi servent les récompenses : à saluer un travail particulièrement abouti et montrer à la foule quelles valeurs notre société porte aux nues. Alors pour compenser, récompensons.       

Edito par D.A.

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